VAUT 01
SNCASO

SO.4050

Vautour II B

Chasseur-bombardier polyvalent (attaque
au sol, reconnaissance, chasse tout-temps)

Le Vautour II

Genèse

Le SO.4050 Vautour est conçu par l’équipe de Jean-Charles PAROT, ingénieur à la Société nationale de construction d’avions du Sud-Ouest (SNCASO), en réponse à un programme défini par l’état-major de l’armée de l’Air en 1951. Dérivé du prototype SO.4000 développé par la même équipe, il s’agit d’un biréacteur, monoplan à ailes et empennages en flèche, de construction métallique, à train d’atterrissage monotrace équipé de deux diabolos et de balancines latérales rétractables dans les nacelles moteurs. Trois versions sont prévues dès le départ : monoplace d’attaque au sol (A), biplace de bombardement (B), biplace de chasse tout temps (N).

Développement

Le premier prototype, numéro 01 puis 001, version N, prend l’air le 16 octobre 1952 à Melun-Villaroche, aux mains de Jacques GUIGNARD (pilote) et Michel RÉTIF (mécanicien). Il est propulsé par deux turboréacteurs Atar 101B, remplacés plus tard par des Atar 101C, qui lui permettent de franchir le mur du son le 30 juin 1953. Le second prototype, version A, vole pour la première fois le 16 décembre 1953, et le troisième, version B, le 5 décembre 1954. Ce dernier est équipé de réacteurs Amstrong-Siddeley Sapphire au cas où l’Atar rencontrerait des problèmes de développement. Six exemplaires de pré-série sont commandés.

Les essais menés sur ces appareils conduisent à des modifications : ajout d’une quille sous l’arrière du fuselage, nouveau dessin des nacelles réacteurs et du bord d’attaque de l’aile, empennage horizontal devenant monobloc ou restant classique mais à incidence réglable.

Production

La commande de série prévoit 300 appareils, mais les restrictions budgétaires ramènent ce nombre à 160, puis finalement 140. L’armée de l’Air renonçant à employer les A dans le rôle d’attaque au sol, ils sont d’abord consacrés à la transformation des pilotes de N, puis proposés à l’export.

L’avion Vautour type B est conçu pour effectuer des missions de bombardement en vol horizontal ou en semi-piqué. C’est un biplace. Deux variantes sont construites, qui diffèrent essentiellement par la disposition de l’empennage horizontal :
V II B, Classique (n° 601 à 610 inclus).
V II 1B, Monobloc (n° 611 à 640 inclus).

Le Vautour II B est capable d’emporter deux tonnes de bombes maximum. Les chargements prévus, sous voilure seulement, sont les suivants :
• 4 bombes ou 4 paquetages ;
• ou 2 bombes (stations externes) ou 2 paquetages ;
• ou 2 bombes (stations internes) ou 2 paquetages ;
• ou 12 bombes (avec adaptateur M. 64M3).
La système de bombardement comprend :
• un viseur SFOM pour le bombardement en semi-piqué ;
• un viseur NORDEN pour le bombardement à haute altitude ;
• une caméra de contrôle des visées SEPHOT 23 ;
• une caméra photos verticales OMERA 30 pour la restitution des tirs.

Une partie des Vautour II B est adaptée, soit aux missions de reconnaissance de jour à haute et basse altitude (BR), soit à la guerre électronique (GE).

Les Vautour II B adaptés aux missions de reconnaissance, dits Vautour BR, comportent une installation photo qui se compose des organes suivants :
• un boîtier sélecteur d’impulsions OMERA 1030-1 ;
• un intervallomètre SERMEC 23 ;
• un boîtier de commande OMERA 331-2 ;
• un poste de contrôle OMERA 331-2 ;
• des châssis mobiles, à dépose rapide, différents suivant la nature de la mission :
− pour  la reconnaissance de jour haute altitude : un support équipé de 3 caméras OMERA 31 (F.600) ;
− pour la reconnaissance de jour basse altitude : un support équipé de 3 caméras OMERA 31 (deux de F.100 et une de F.200 ou F.600) ;
− pour la restitution des tirs de bombardement : une caméra OMERA 30 placée verticalement ;
− un viseur photo SFOM 741.

Les Vautour IIB modifiés pour la guerre électronique, dits Vautour GE, peuvent recevoir un équipement lui permettant d’effectuer des missions de contre-mesures électroniques ou brouillage radar :
• Distributeur de Windows (paillettes réflectrices d’ondes radar).
• Brouilleur électromagnétique.

Production et exportation

L’usine de Bouguenais (Nantes) construit et aménage la voilure et les fuseaux réacteurs. L’usine de Rochefort prend en charge la partie arrière et les empennages. L’usine de Courbevoie produit les nids d’abeilles métalliques, les pièces en plastique, les verrières ainsi que les sièges éjectables. À Saint-Nazaire, l’usine du port fabrique et aménage la partie centrale et avant. Enfin, l’usine de Gron assure le montage final et les essais en vol.

Outre les trois prototypes et des six exemplaires de présérie, 140 Vautour de série sont produits : 30 A (n° 1 à 30), 70 N (301 à 370) et 40 B (601 à 640). Entre juin 1967 et janvier 1971, 58 Vautour (33 N, 24 B, 1 A transformé en N) subissent l’opération Jouventour, qui consiste à régénérer et moderniser la flotte.

19 Vautour 2A, 4 Vautour 21B et 8 2N français sont vendus à Israël. Ils prennent une part active à la Crise de Suez (1956) et à la guerre des Six Jours (1967).

Carrière

L’armée de l’Air reçoit son premier Vautour II B le 22 mars 1955 (le premier vol d’un SO.4050 Vautour de série a eu lieu le 31 juillet 1954).

Le Vautour IIN équipe les Escadrons de chasse tout-temps III/30 Lorraine (1958-73) et II/30 Normandie-Niemen (1966-73) à Reims. La version IIB équipe les Escadrons de bombardement I/92 Bourgogne (1958-74) et II/92 Aquitaine (1959-74) à Bordeaux-Mérignac ; certains des Vautour IIB du II/92 Aquitaine sont équipés pour la reconnaissance tactique et sont de ce fait désignés IIB (R). Le Centre d’instruction du bombardement (CIB) 328 et son successeur le Centre d’instruction des Forces aériennes stratégiques (CIFAS) emploient des IIA et IIB (1959-73). L’Escadron de remorquage II/30 (1961-73) et sa successeure, l’Escadrille de remorquage 05/106 (1973-79), tous deux à Bordeaux-Mérignac, pratiquent le remorquage de cibles pour l’entraînement au tir sol-air des opérateurs de la DCA ou air-air des pilotes de chasse, avec des Vautour modifiés à cet effet.

L’Escadron de marche 85 Loire, unité temporaire (1966-74 environ) spécialisée dans la surveillance et les mesures liées aux essais nucléaires (prélèvements dans les nuages atomiques), met notamment en œuvre des N et des B à partir de la Base aérienne 185 de Hao dans l’archipel de Tuamotu (océan Pacifique). Ces Vautour sont tous modifiés à cet effet, avec dispositif de démarrage Air (à l’origine, les B étaient à démarrage électrique) et, surtout, avec une pressurisation autonome ; leur appellation est modifiée en IIB PP et IIN PP.

Le tout dernier utilisateur sera le Centre d’essais en vol (CEV), en particulier pour des essais radar et contre-mesures électromagnétiques. L’ultime vol d’un Vautour II  au CEV (version N n° 348) a lieu le 7 mars 1990, avec le pilote Jacques BILLY, dans le cadre des essais du radar RDY du Mirage 2000.

Un Vautour II N (immatriculé F‑AZHP, anciennement n°348), préservé par l’association AMPAA, sera présenté en vol lors de meetings aériens. Son dernier vol connu a lieu au meeting de la Ferté‑Alais en 1992, au cours duquel il a traversé le ciel accompagné du son aigu de ses moteurs Atar. Il ne vole plus aujourd’hui.