T-33 T-Bird
Formation des pilotes de chasse – Appui feu léger
Historique
Avec 6 557 exemplaires construits, le Lockheed T-33 est de loin l’appareil d’entraînement le plus utilisé dans le monde entier. Le T-33 est une déclinaison du F-80 Shooting Star, premier chasseur monoplace à réaction opérationnel dans l’US Army Air Force (USAAF). Le Shooting Star est lui-même dérivé du prototype XP-80, conçu autour du turboréacteur De-Havilland H-1B de 1 116 kg de poussée, dont le premier vol a lieu le 8 janvier 1944.
Il faut cependant attendre juin 1947 pour que l’USAAF se déclare intéressée par une version biplace, à la suite du taux élevé d’accidents constaté dans ses unités. Un F-80 C est alors modifié par ajout d’un second siège dans un fuselage allongé de 128 cm. Afin de compenser la réduction de capacité des réservoirs du fuselage, les ailes sont modifiées pour pouvoir en stocker davantage de carburant. De même, seules deux des six mitrailleuses sont conservées, pour ne pas trop alourdir l’appareil. Désigné TP-80 C, ce prototype fait son premier vol le 22 mars 1948. En mai 1949, cette désignation est changée en T-33 A.
Fondamentalement conçu pour être un appareil d’entraînement, le T-33 remplit parfois d’autres missions : quelques T-33 équipés d’une caméra dans le nez et d’appareils électroniques dans l’habitacle, accomplissent des missions de reconnaissance sous la dénomination de RT-33 A. Ces appareils monoplaces sont principalement livrés, dans le cadre du Military Assistance Program (MAP) financé par les USA, à la France (6 exemplaires), l’Italie, les Pays-Bas, le Pakistan, la Thaïlande et la Turquie.
Production
Lockheed construit 5 691 T-33A entre 1949 et 1959, et fournit également les pièces nécessaires à l’assemblage de 210 T-33A à moteur Allison, par Kawasaki au Japon. Canadair construit également 656 exemplaires sous licence, sous la dénomination CL-30 puis CT-33 Silver Star.
Près d’une trentaine de pays utiliseront le T-33A, dont la France.
Carrière en France
Les T-33 acquis par la France, toujours dans le cadre du MAP, proviennent soit des USA (T-33 A1), soit du Canada (T-33 Mk.III). Les différences, notamment au niveau des cabines, sont importantes et gênent considérablement le travail pédagogique à l’École de chasse. Il est donc décidé, au début des années 60, de modifier un certain nombre de ces avions pour les amener à un standard commun. Ce dernier n’a pas pour but de les rendre identiques, mais au moins d’homogénéiser le pilotage. Un maximum d’équipements français est utilisé, notamment le moteur Hispano-Suiza Nene 106, développement national du réacteur Rolls-Royce des T-33 Mk.III. De 1963 à 1967, ce sont ainsi 84 avions qui sont modifiés au standard français, dont la totalité (57) des Mk.III. Ils sont désignés T-33 S.C (pour Standard Canadien) ou T-33 S.US (pour Standard US) suivant leur origine, puisque des différences subsistent. Le premier T-33 « francisé » sort des ateliers de la SFERMA de Mérignac (l’actuelle SOGERMA) le 7 avril 1964.
Les appareils n’ayant pas bénéficié de la francisation, bien que provenant tous des États-Unis, présentent encore de nombreuses différences, en particulier des circuits. À la faveur des révisions générales, les câblages sont donc refaits, selon une définition correspondant aux avions de la série 55-000. Ces avions sont appelés T-33 Std.55.
Le 4 octobre 1951, les premiers T-33 sont pris en charge par l’armée de l’Air, au sein de l’École de chasse « Christian MARTELL » sur la Base école 708 de Meknès au Maroc. À la dissolution de cette base en 1961, la formation est transférée sur la Base aérienne 705 de Tours St-Symphorien, au Groupement école 313 puis École de l’aviation de chasse 314 « Christian MARTELL ». Les T-33 (Standard Canadien) y resteront jusqu’à leur retrait en 1981, avec l’arrivée des Alpha-Jet.
Un certain nombre de bases à vocation chasse reçoivent en parallèle des T-33 au standard US pour l’entraînement des pilotes.
À partir de 1954, le T-33 équipe également le Centre d’entraînement au vol sans visibilité (CESV) 338, successivement sur la BA 139 de Lahr en République Fédérale Allemande (1954-61), la BA 132 de Colmar-Meyenheim(1961-65), la BA 113 de Saint-Dizier-Robinson (1965-73) et la BA 133 de Nancy-Ochey (1973-82). C’est au sein de cette unité que les derniers T-33 voleront en 1982, marquant ainsi la fin de 31 ans d’activités.
Au total, 203 T-33 et 6 RT-33 auront servi dans l’armée de l’Air. 3 327 élèves pilotes de chasse seront formés à ses commandes en quelque 478 110 heures de vol.
