Sikorski HSS-1 Seabat

Historique

Le Sikorsky S-58 (désignation constructeur) est un hélicoptère militaire développé pour répondre aux besoins de l’US Navy en matière de lutte anti-sous-marine. Le bureau d’études de la Sikorsky Aircraft Corporation est alors dirigé par M. Michel GLUHAREFF. L’appareil vole pour la première fois sous la désignation XHSS-1 le 8 mars 1954 à Bridgeport, Connecticut. La première machine de série vole le 20 septembre 1954.

Description

Le fuselage est en magnésium et alliage d’aluminium, avec un peu de titane et d’inox. Le train d’atterrissage tricycle est fixe. Le moteur, à pistons, est un 9 cylindres en étoile refroidi par air Wright R1820-84B/D de 1 525 cv, situé à l’avant du fuselage, devant de larges portes. Le rotor comprend 4 pales repliables. Le poste de pilotage biplace côte à côte, en doubles commandes, est installé en hauteur, au-dessus du moteur et de la soute. Celle-ci peut accueillir 12 à 16 soldats ou, pour un usage commercial, 6 passagers en version deux compartiments. La capacité totale en carburant est de 992 litres.

Production aux USA

Il entre en service en 1954 dans la Navy sous l’appellation HSS-1 (puis SH-34) Seabat pour la lutte anti-sous-marine, puis HUS-1 Seahorse pour sa version utilitaire ; dans l’US Marine Corps en 1957 HUS-1 Seahorse ; dans l’US Army, sous l’appellation H-34 Choctaw. En 1962, les appellations au sein du département de la Défense US sont normalisées comme suit : SH-34 Seabat , UH-34 Seahorse et CH-34 Choctaw. Plusieurs versions sont progressivement mises en service :
• H-34A (puis CH-34A) Choctaw, pour le transport, en service dans l’US Army.
• H-34C (puis CH-34C) Choctaw, identique au CH-34A, avec un équipement embarqué de recherche.
• HSS-1L (puis LH-34D), version du Seabat pour terrains enneigés et temps froid.
• HUS-1 (puis UH-34D) Seahorse, utilitaire pour les Marines, première commande le 15 octobre 1954 et mis en service en janvier 1957.
• HUS-1Z (puis VH-34D), version VIP du Seahorse.
• HUS-1A (puis UH-34E) Seahorse, pour opérations d’urgence.
• HSS-1 (puis SH-34G) Seabat, version anti-sous-marine, commandée par l’US Navy le 30 juin 1952 et entrée en service en février 1954.
• HSS-1N (puis SH-34J) Seabat, développement du SH-34G pour l’US Navy. Cette version utilise un équipement de stabilisation automatique utilisable nuit et jour, qui comprend : un radar Doppler Ryan AN/APN-97 et un autre radar calculant la vitesse sol et l’altitude.
• Trois versions civiles du S-58, dont les S-58B et S-58D semblables au H-34 ; le S-58C a deux portes du côté droit de la cabine ; les premières livraisons ont lieu en 1956-57.
• Certains exemplaires sont modifiés par Sikorsky pour être équipés de turbines couplées Pratt & Whitney Canada PT6T-3 ou -6 Twin Pac de 1 800 ou 1 875 cv.

À l’étranger

La production du S-58 par Sikorsky totalise 1 766 exemplaires en décembre 1965, lors de son arrêt temporaire. Elle est relancée pour les besoins de l’US Military Assistance Program, avec un contrat de 21 UH-34D et 6 SH-34J, ces derniers pour la marine italienne. Au final, 1 821 exemplaires sont livrés par Sikorsky.

Au Royaume-Uni, Westland Aircraft obtient sa licence et en développe une version avec une turbine en remplacement du moteur à piston, qui sera désignée le Wessex, produit en 382 exemplaires.

En France, après la mise en ligne des hélicoptères Bell 47G, Alouette II et Sikorsky S.55 Chickasaw dans les premières années de la guerre d’Algérie, le besoin se fait sentir pour un appareil de plus grand tonnage. Le Sikorsky S-58 est retenu. 166 machines sortent de l’usine Sud Aviation de Marignane, d’abord assemblées à partir de pièces importées, puis construites sous licence. Le premier vol d’un appareil construit par Sud-Aviation a lieu le 21 mai 1957. L’armée de l’Air reçoit 122 H-34A Choctaw et la Marine 44 HSS-1 Seabat .

Carrière en France

Les H-34A sont massivement utilisés par l’armée de l’Air en Algérie, pour répondre au besoin croissant d’aéromobilité : déploiement rapide de commandos ou de sections d’infanterie dans les zones montagneuses, appui feu, quadrillage, évacuation sanitaire, logistique. Plusieurs unités s’y distinguent, tels le GH 2/58 Valois, le GH 3/58 Anjou, le GH 4/58 Béarn. Les H-34 sont progressivement armés pour l’appui feu direct : mitrailleuses MAC 52 de 7,5 mm en portes latérales ou sur affûts souples installés dans la soute ou les portières, fusils-mitrailleurs MF 24/29 ; mais aussi parfois des pods mitrailleuses de 12,7 mm montées sur les flancs et, en usage ponctuel, lance-roquettes de 68 mm en paniers ou, plus rarement, un canon de 20 mm MG151. Le retrait du service des derniers H-34 a lieu en 1972.

Dans la Marine, les HSS-1 servent à l’escorte anti-sous-marine (équipés de dispositifs de détection, de torpilles et de charges de profondeur), à la protection des convois, la surveillance côtière, au sauvetage en mer et aux évacuations sanitaires. La flottille 20S est la première à en être équipée en 1957, pour l’entraînement principalement ; elle sera la dernière à s’en séparer en 1979. Trois flottilles embarquées sur frégates, porte-hélicoptères, porte-avions en sont aussi équipées : la 31F (1960-75), la 32F (1962-76) et la 33F (1965-77). La Marine est aussi engagée dans la guerre d’Algérie : l’Hydro escadrille de service spécial n°11 (HESS, ancêtre directe de la flottille 33F), pour des missions de transport de commandos de marine, des opérations côtières et aéroterrestres et bien sûr des coopérations interarmées.