2 PARIS
Morane Saulnier

MS.760 Paris I R

Biréacteur de liaison quadriplace

Le MS.760 Paris

Biréacteur de liaison quadriplace

Historique

En réponse à l’appel d’offres de l’état-major pour un avion d’entraînement à réaction offrant de bonnes qualités de vol, d’un emploi économique et aisé en école, Morane-Saulnier lance, sous la conduite de l’ingénieur Paul-René GAUTHIER, l’étude du MS.755 Fleuret. Il s’agit d’un biplace côte à côte, équipé de réacteurs Turboméca Marboré. Le prototype vole pour la première fois le 29 janvier 1953 à Melun-Villaroche, piloté par Jean CLIQUET assisté du mécanicien navigant Ferdinand NAUDY. Hélas pour Morane-Saulnier, le 11 juin 1953, un marché est passé avec son concurrent Fouga pour cinq exemplaires de présérie du Magister, compromettant l’avenir du Fleuret. René GAUTHIER décide alors de le transformer en avion de liaison 4 places. Le second prototype du Fleuret, alors en chantier est modifié et devient le MS 760 n° 01 Fleuret II. Il décolle le 29 juillet 1954 à Melun-Villaroche, piloté par Jean CLIQUET assisté du mécanicien d’essais Rémy RAYMOND. Le 23 septembre, Raymond SAULNIER lui donne son nom définitif : Paris. Il obtient la certification française le 18 mai 1955 et l’américaine en juillet 1958. En mai 1960, une étude est lancée portant sur la remotorisation avec des Marboré VI de 480 kgp à la place des Marboré IIC de 400 kg de poussée, l’amélioration de l’aménagement et du confort de la cabine, l’augmentation de la capacité de carburant à 1 800 l. Cette version prend le nom de MS.760B Paris II. En 1961, un projet démarré 3 ans plus tôt est relancé, le MS.760C Paris III, doté de six places auxquelles on accède par une porte latérale. Il effectue son premier vol à Tarbes le 28 février 1964 mais ne sera jamais produit en série. Par la suite deux projets de modernisation par des sociétés américaines n’aboutissent pas. Le Paris est considéré comme le premier avion d’affaires à réaction.

Description

Le MS.760 est un monoplan à aile basse de construction métallique. Le fuselage est monocoque divisé en 4 parties principales : la pointe avant, l’habitacle, la partie centrale avec réservoir principal et groupe turboréacteur (GTR), la partie arrière démontable pour accéder aux GTR. Une soute dans la partie arrière permet l’emport de 15 kg de bagages, le double sur Paris II. L’habitacle, qui constitue la partie étanche et pressurisée du fuselage, comporte quatre places, deux devant, deux derrière. Le poste avant est équipé en double commande côte à côte. L’accès se fait grâce à une échelle pliante. Un emplacement sous le siège arrière permet de caser deux petites valises d’un poids total de 15 kg maximum. La voilure mono-longeron est fixée sur le fuselage en 3 points. L’empennage est en T, le plan horizontal est mobile. Le carburant est logé dans un réservoir de fuselage de 930 l et deux réservoirs de bouts d’ailes non largables de 235 l chacun (dont 2 non consommables), soit 1 400 l au total. Le Paris II est équipé de réservoirs supplémentaires de bord d’attaque de voilure de 200 l chacun. L’atterrisseur est tricycle escamotable. La propulsion est assurée par deux réacteurs Marboré II ou VI selon la version du Paris (voir tableau des caractéristiques).

Production

Le premier Paris de série vole le 27 février 1958 à Tarbes-Ossun. 157 exemplaires sont construits au total. De 1969 à 1971, 22 Paris de l’armée de l’Air subissent l’opération « Parinova » qui consiste à remplacer les Marboré II par des Marboré VI J. Ils prennent l’appellation Paris I R. Quatre appareils civils sont également modifiés. Sur les 48 MS.760A armés destinés à l’Argentine, 12 seront construits en France et assemblés en Argentine, les 36 autres entièrement par DINFIA à Cordoba. 26 MS.760 civils sont livrés de juillet 1958 à juillet 1964. Profitons-en pour faire un point historique sur la société. En 1908 Léon et Robert MORANE fondent leur société. Trois ans plus tard, ils s’associent à Raymond SAULNIER pour donner naissance à la Société Anonyme des Aéroplanes Morane-Saulnier qui déposera le bilan en novembre 1962. En janvier 1963, 4 administrateurs sont nommés et créent la Société d’Exploitation des Établissements Morane-Saulnier. En 1965, elle devient une filiale de Sud-Aviation avant de prendre, en 1966, le nom de Société de Construction d’Avions de Tourisme et d’Affaires (SOCATA). Par la suite, en raison de changements dans la maison mère, la SOCATA appartiendra successivement à Aérospatiale, puis Aérospatiale Matra, puis EADS, laquelle la cède en 2008 au groupe Daher…

Utilisateurs

L’armée de l’Air reçoit 36 exemplaires du Paris. Comme toujours, le Centre d’expériences aériennes militaires (CEAM) de Mont-de-Marsan en est le premier utilisateur avant sa mise en service opérationnelle. Puis on trouve le Paris au sein du Groupement aérien d’entrainement et de liaison (GAEL) à Villacoublay, au sein des Escadrilles de liaison aériennes 41 Verdun à Metz, 55 à Lahr en RFA, 43 Médoc à Mérignac, dans les sections de liaison et de vol sans visibilité de plusieurs escadres de chasse, sur des bases et groupements écoles et au Centre d’essais en vol. 20 (ou 21) exemplaires initialement destinés au Brésil seront pris en compte par l’armée de l’Air. L’Aéronautique navale reçoit 14 exemplaires du Paris, employés par la Commission d’étude pratique de l’aéronautique pour expérimentation, puis les flottilles 2S, 3S, 11S, 57S et la Section réacteurs légers de Landivisiau. Les derniers Paris sont retirés du service en 1997. Cinq clients étrangers notables : l’Argentine (48 exemplaires du MS.760A), le Brésil (30 exemplaires, désignés C-41), le Paraguay, le Vénézuéla, les Émirats Arabes Unis. Dans le civil, le Service deformation aéronautique les exploite en France. À l’étranger, nombreux particuliers ou sociétés emploient le Paris, dont le Shah d’Iran et l’ENI (AGIP) Italienne. C’est à bord de l’un des deux appareils de la société que son dirigeant Enrico MATTEI décédera le 27 octobre 1962, suite à l’explosion en vol de son avion. Les amateurs de cinéma pourront, à cette occasion, revoir le film de Francesco Rossi, L’Affaire Mattei, primé au festival de Cannes (1972).  

Sources documentaires

Avions. N° 1 (mars 1993) et 2 (avril 1993) Le Trait d’Union. Le MS760 Paris. Pierre Parvaud, Pierre Gaillard. 2è trimestre 1989 Fiche de mutation avion Présentation avion ETIS GERMAS 15/060 Villacoublay UCE 107-1-1 Manuel d’utilisation Paris 1R. Août 1976 Histoire de l’aéronautique française, Jacques Noetinger Fiche de navigabilité n°19 Wikipédia