Mirage 5F
Chasseur-bombardier d’attaque au sol par temps clair
Le Mirage 5
Chasseur-bombardier d'attaque au sol par temps clair
Historique
Le Mirage 5 répond à un cahier des charges israélien, qui souhaite un dérivé simplifié du Mirage III destiné à l’attaque au sol par temps clair. S’il est doté de la même cellule que le Mirage III C, il adopte le moteur Atar 9C du Mirage III E, plus puissant avec ses 6 000 kg de poussée avec PC. Le radar Cyrano est remplacé par un simple radar de télémétrie Aïda, nettement plus petit. Le nez est redessiné (plus fin) et reçoit d’autres équipements électroniques, ce qui libère de la place dans le fuselage, derrière le poste de pilotage, permettant de placer un nouveau réservoir de 275 litres. Le Mirage 5 emporte ainsi 3 000 litres de carburant, 10% de plus que le Mirage III C. Pourvu de deux pylônes d’emport supplémentaires, d’un train d’atterrissage modifié, le Mirage 5 est armé en interne de deux canons de 30 mm DEFA, plus une capacité d’emport externe de 4 000 kg.
Israël passe une commande de 50 Mirage 5 J le 7 avril 1966. Le prototype fait son vol inaugural le 19 mai 1967 à Melun-Villaroche, piloté par Hervé LEPRINCE-RINGUET. Cependant, suite à l’attaque de l’aéroport de Beyrouth par Tsahal le 28 décembre 1968, le gouvernement français instaure, le 3 janvier 1969, un embargo sur toutes les livraisons de matériel militaire vers Israël. Comme la construction en série est déjà lancée, c’est finalement l’armée de l’air française qui reçoit ces avions, à partir de 1971 (8 exemplaires supplémentaires seront construits en remplacement de ceux vendus au Chili). Ils sont alors désignés sous l’appellation Mirage 5 F.
Des avions cousus main
Ayant produit des Mirage « haut de gamme » et « bas de gamme », Dassault s’applique à réaliser des machines de qualité intermédiaire. En modulant la composition des équipements électroniques, Dassault se trouve en mesure de satisfaire toutes les demandes de la clientèle potentielle du Mirage 5. Ce processus va si loin que les ingénieurs réinventent pratiquement le Mirage III.
L’exemple le plus frappant est celui des Mirage 5 EAD destinés à Abu Dhabi : ces appareils sont équipés d’un radar Cyrano, placé dans le nez, et d’un Doppler de navigation, monté dans un bossage sous le ventre, deux caractéristiques principales du Mirage III E.
Les Mirage 5 BA de la Force aérienne belge, bien que dépourvus de radar, sont dotés de systèmes de navigation et d’attaque assez évolués.
Le Chili reçoit des Mirage 5, qui avaient été stockés, notablement modernisés par la SOGERMA à Mérignac, avec une refonte totale du Système de navigation et d’attaque (centrale à inertie UNI, hybridation GPS, VTH, modes Air/Sol CCPI et CCPL, CME, enregistreurs de visée).
Plus tard, au Pakistan, intégration du FLIR (caméra thermique en mentonnière) avec bien sûr projection en tête haute (VTH)…
Production et export
Les Mirage 5, comme les avions de la famille Mirage III, sont assemblés à Mérignac. La production prend fin en 1985 et porte sur un total, toutes versions confondues, de 517 appareils, dont certains construits sous licence en Belgique. Et avec la construction des avions de remplacement des Chiliens, c’est le dernier modèle de Mirage III à sortir neuf de Mérignac.
Le Mirage 5 reste l’avion de combat de Dassault le plus exporté. Les clients de l’appareil :
• Pérou : 34 Mirage 5 P, P3, P4, 5 DP + 1 DP4 (biplaces)
• Belgique : 63 Mirage 5 BA, 13 BD (biplaces), 27 BR (reconnaissance)
• Colombie : 14 Mirage 5 COA, 2 COD (biplaces), 2 COR (reconnaissance)
• Libye : 53 Mirage 5 D, 35 DE, 15 DD (biplaces), 10 DR (reconnaissance)
• Pakistan : 27 Mirage 5 PA, 18 PA2, 12 PA3, 2 DPA2 (biplaces)
• Venezuela : 6 Mirage 5 V, 3 DV (biplaces)
• Abu Dhabi : 12 Mirage 5 AD, 14 EAD, 3 DAD (biplaces), 3 RAD (reconnaissance)
• Égypte : 54 Mirage 5 SDE, dont 16 modernisés en SDE2, 6 SDD (biplaces), 6 SDR (reconnaissance)
• Zaïre : 14 Mirage 5 M, 3 DM (biplaces)
• Gabon : 3 Mirage 5 G, 4 G2, 4 DG (biplaces)
En juin 1982, 10 Mirage 5 P sont vendus à l’Argentine par le Pérou.
En 1970 et 1972, la fabrication d’un appareil pratiquement identique est lancée en Israël sous le nom de Nesher (Aigle).
Huit Mirage 5F sont transformés en Mirage 50FC en 1979/1980 par Dassault (Cazaux). Ils sont remplacés nombre pour nombre par des avions neufs, qui seront les derniers Mirage III / 5 / 50 à sortir de Mérignac. Les avions suivants Mirage 50 V et DV , mais aussi BR2 et ER2 ne sont que des transformations d’avions anciens, réalisées par Dassault Biarritz pour le Vénézuéla et par Dassault Istres pour le Brésil.
Enfin, les Mirage 5F n° 1 (fuselage de IIIE modifié en J), 3, 5, 8, 16, 23, 28 et 30 seront transformés en Mirage 50FC.
Carrière dans l’armée de l’Air
Initialement non prévu pour la France, le Mirage 5 F équipe néanmoins l’armée de l’Air à partir de 1972. L’Escadron de chasse III/13 Auvergne, basé à Colmar et l’Escadron de chasse III/3 Ardennes, à Nancy-Ochey en sont dotés. Lorsque cette dernière unité est transformée sur Jaguar, ses appareils sont pris en compte par l’Escadron de chasse II/13 Alpes, basé à Colmar.
Le dernier vol d’un Mirage 5 F a lieu le 29 juin 1994, marquant ainsi 22 années de service au sein de l’armée de l’Air (1972-1994).
