B-26 Invader
Avion d'attaque au sol, Bombardier léger américain de la Seconde Guerre Mondiale
Le Douglas B-26 Invader
Historique
En 1939, au tout début de la seconde guerre mondiale, l’armée de l’air française engage un peu plus d’une centaine de Douglas DB-7 qui viennent de lui être livrés par les USA. Ces appareils se montrent particulièrement robustes et bien adaptés aux formes modernes de la guerre. L’USAAF (US Army Air Forces) transmet alors à Douglas de nouvelles spécifications pour un avion d’attaque polyvalent, rapide et puissamment armé, afin de succéder au Douglas A-20 Havoc, au Martin B-26 Marauder et au North American B-25 Mitchell. Les études commencent en automne 1940. Au printemps de 1941 le nouveau modèle d’avion d’attaque est accepté par l’USAAF qui entérine la solution proposée en commandant trois prototypes différents de la même cellule sous les indicatifs XA-26 (triplace de bombardement avec nez vitré pour le bombardier/navigateur, deux barbettes doubles de 12,7 mm), XA-26A (biplace de chasse de nuit, 4 canons de 20 mm sous le ventre, pas de barbette) et XA-26B (attaque au sol, un canon de 75 mm, deux barbettes).
Le premier vol du XA-26-DE, version à nez vitré, a lieu le 10 juillet 1942 piloté par Ben O. HOWARD. Il est propulsé par deux Pratt & Whitney R-2800-27 en étoile, à hélices tripales. Les autres prototypes ne sortiront qu’en 1943, trop tard pour la version chasse de nuit, Northrop ayant déjà remporté le marché avec le P-61 Black Widow.
Le canon de 75 mm du A-26B laisse rapidement la place à six mitrailleuses de 12,7 mm, tandis que les deux barbettes télécommandées sont confirmées. De plus, l’armement de bord peut s’augmenter facultativement de deux autres mitrailleuses fixes de 12,7 mm placées dans des carénages latéraux de part et d’autre du nez de l’appareil. Enfin quatre points d’attache prévus sous la voilure permettent d’emporter, indifféremment, des carénages comportant chacun deux mitrailleuses de 12,7 mm et leurs munitions, ou 908 kg de bombes ou 2 réservoirs largables de carburant, ou encore 8 roquettes de 127 mm ou 16 roquettes de calibre standard, tout en emportant 1 814 kg de bombes en soute. Notons encore que les deux armes de la barbette supérieure peuvent être bloquées dans l’axe vers l’avant et être asservies à la commande de tir du pilote.
Production
L’avion est commandé sous la dénomination A-26B Invader et avec des moteurs Pratt & Whitney R-2800-79. En juin 1948, suite au retrait des B-26 Marauder, les A-26 sont re-désignés B-26. Dans la Navy il est d’abord désigné JD-1 puis UB-26J ; il y sont principalement employés au remorquage de cibles.
Il est d’abord fabriqué dans la version A-26B dans les usines de Long Beach (1 152 ex) et de Tusla (205 ex). Les premiers exemplaires sortent de chaîne au début 1944 et sont engagés sur le front européen dès novembre. La version A-26C est fabriquée à Long Beach (5 ex) et surtout à Tulsa (1 086 ex). Les livraisons n’interviennent qu’en 1945, trop tard pour que cet appareil fasse la preuve de ses qualités réelles. En effet la capitulation du Japon entraine l’annulation de toutes les commandes en cours. Si de nouvelles versions sont mises en service après la guerre, toutes proviennent de la transformation d’avions existants.
En plus des versions B et C, d’autres variantes sont étudiées sans jamais connaître de production en série en raison de la fin de la 2ème Guerre Mondiale. Par la suite, des modifications sont proposées et réalisées, en particulier par On Mark Engineering Company pour la lutte anti-guérilla, avec des Pratt & Whitney R-2800-103W et des améliorations structurelles ; il sont d’abord désignés B-26 K puis A-26 A. D’autres encore sont transformés pour le transport de 6 à 12 passagers ou la lutte anti-incendie. In fine, des B-26 seront utilisés pour l’entraînement (TB-26B et TB-26C), pour le transport (CB-26B, VB-26B), pour le guidage de drones et pour des missions de recherche (EB-26C).
Utilisation opérationnelle
L’Invader fait sa première apparition en opérations en juin 1944. Quatre A-26B sont affectés en Nouvelle Guinée ; ils sont équipés du canon de 75 mm et de 14 mitrailleuses de 12,7 mm dont huit montées en nacelles sous les ailes ce qui détériore les performances. De plus, ces A-26 ont la verrière plate qui donne une très mauvaise visibilité au pilote. En août, il est engagé sur le front européen, mais seulement comme bombardier et non comme avion d’assaut. Il remplace avantageusement les A-20 Havoc, B-25 Mitchel et B-26 Marauder.
Arrivé trop tard sur les théâtres d’opérations de la deuxième guerre mondiale pour faire ses preuves, l’A-26 Invader, rebaptisé B-26 en 1948, donne cependant toute la mesure de ses qualités lors de la guerre de Corée.
Rendu célèbre par l’affaire de « la baie des Cochons », l’Invader équipe de nombreuses forces aériennes dans le monde entier. Ses performances en feront l’un des premiers transports de VIP. Il connaît également une longue carrière comme « bombardier d’eau » en Amérique du Nord.
Il fait une dernière apparition au cours de la guerre du Viêt-Nam dans sa version modernisée B-26K.
Le B-26 en France
De son côté, l’armée de l’air française met en œuvre le B-26 en Indochine à partir de janvier 1951, dès le 1er février pour ses premières sorties de combat. Pendant le conflit, 113 B-26B, B-26C, et RB-26C sont engagés au sein de trois groupes de bombardement, les GB 1/19 Gascogne, GB 1/25 Tunisie et GB 1/91 Bourgogne, ainsi qu’au sein de l’Escadrille (puis Escadron) de reconnaissance photographique (ERP) II/19 Armagnac. 25 Invader sont perdus, au combat ou par accident.
L‘Invader est ensuite engagé en Algérie à partir d’août 1956, par l’ERP I/32 Armagnac d’abord, les deux groupes de bombardement I/91 Gascogne et II/91 Guyenne ensuite, début 1957.
Grâce à ses qualités de vol, il est aussi utilisé par le Centre d’essais en vol (EV )et le Centre d’expériences aériennes militaires (CEAM ) pour réaliser des essais en vol. Certains B-26 sont enfin transformés en B-26N, équipés d’un radar de chasse tous temps pour servir au sein de l’Escadron de chasse de nuit (ECN) I/71 en Algérie.
À partir de 1961, les B-26B et C opèrent sur la Base aérienne 106 au sein du Centre d’instruction au bombardement (CIB) puis Centre d’instruction des Forces aériennes stratégiques (CIFAS) 328 Aquitaine. Six d’entre eux sont équipés d’un radar à cet effet et nommés B-26 APQ-13. Le dernier vol d’un B-26 français remonte au 27 mars 1968.
Outre les États-Unis et la France, de nombreux pays utilisent l’Invader : Arabie Saoudite, Brésil, Chili, Colombie, Cuba (avant la révolution Castriste), Guatemala, Indonésie, Nicaragua, Pérou, Portugal, République Dominicaine, Turquie.
Sources documentaires
Site web Joe Baugher
McDonnell Douglas Aircraft since 1920, Vol 1. René J Francillon. Ed Putnam