L'Alouette II
SNCASE

SE.3130 Alouette II

Hélicoptère léger polyvalent

Historique

Après quelques essais infructueux avec les voilures tournantes, la SNCASE, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, développe deux hélicoptères, le SE.3110 que Jacques LECARME fait voler pour la première fois le 10 juin 1950 et le SE.3120 que Jean BOULET, choisi parce qu’il était le pilote le plus léger de l’équipe, réussit à faire décoller le 31 juillet 1951. Cet hélicoptère, équipé d’un moteur à piston Salmson 9NH de 203 CV, s’adjuge deux records en circuit fermé (celui de vitesse, à 103,913 km/h, et celui de distance, avec 1 252,572 km).

Charles MARCHETTI, chef du bureau d’études Hélicoptères de la SNCASE, conscient des problèmes posés par le moteur à pistons (poids, puissance et encombrement), a l’idée d’essayer pour la première fois en France une turbine sur un hélicoptère. Il était prévu de transformer le SE.3120, dénommé officiellement « Alouette I », pour réaliser ce projet. Charles MARCHETTI décide alors qu’il faut créer un nouvel hélicoptère autour du moteur. Ainsi nait l’Alouette II.

Conception

L’appareil est de conception simple : la structure principale du fuselage est un ensemble triangulé en tubes d’acier soudés ; la structure centrale reçoit les éléments principaux, dont la boîte de transmission principale ; la poutre de queue (gonflée à l’azote pour détecter les criques grâce à un voyant en bout de queue) reçoit l’empennage, le rotor anti-couple, sa transmission et la béquille. La cabine comprend le plancher et la verrière. Entièrement vitrée et équipée de larges portes, elle offre une grande visibilité. L’atterrisseur est composé de patins. Ils peuvent cependant être remplacés par des roues  ou des flotteurs (ex : pour la Marine nationale). Le rotor principal est composé de trois pales métalliques à pas variable. Le rotor anti-couple est bipale. La motorisation est assurée par un turbomoteur Turboméca Artouste II de 406 cv, limité à 390 CV sur hélicoptère. Le réservoir de carburant contient 580 litres.

La distance franchissable maximale avec un passager est de 530 km. L’Alouette II est prévue pour transporter 5 personnes. De plus, de nombreux équipements optionnels permettent d’accomplir une grande variété de missions : transport de charges sous élingue, évacuation sanitaire, pulvérisation agricole, sauvetage avec treuil…

Les records de l’Alouette II

Le prototype SE.3130-01, immatriculé F-WHHE, fait son premier vol sur le terrain du Buc le 12 mars 1955, piloté par Jean BOULET et Henri PETIT. Les qualités incontestables de l’Alouette II donnent l’idée aux ingénieurs d’essayer de battre un record. C’est fait le 6 juin 1955, à Buc, avec le prototype 02, piloté par Jean BOULET. Il emmène l’appareil à 8 209 m, battant ainsi le record d’altitude, catégorie E1b, détenu jusqu’à ce jour par un hélicoptère américain. Mû lui aussi par une turbine française Artouste II, le Sikorsky S-59 (XH-39) avait atteint 7 472 m le 17 octobre 1954.

Le vol initial de la 1ère Alouette II de série a lieu le 3 mars 1956. La certification française est obtenue le 2 mai 1957, l’américaine le 14 janvier 1958. Il s’agit là-bas d’une première pour un hélicoptère à turbine.

Le 9 juin 1958, l’Alouette II SE.3150 n° 02, F-ZWVB, équipée d’une Artouste IIIA, pilotée par Jean BOULET, atteint 9 583 m d’altitude au-dessus de Brétigny. Le 13 juin, ce sont quatre records qui sont battus au même endroit dans les catégories E-1 (hélicoptères) et E-1b (hélicoptères au poids au décollage entre 500 kg et 1 000 kg) : temps de montée à une hauteur de 3 000 m en 5 mm 31 s ; à 6.000 m en 11mn 1s ; à 9.000 m en 17mn 44s (ce dernier tient toujours dans la catégorie E-1b en avril 2004) ; l’altitude de 10 000 m est dépassée pour la première fois par un hélicoptère, avec 10 984 m.

Le 31 janvier 1961, Sud-Aviation fait prendre l’air à une version remotorisée, désignée SA.318C Alouette II, motorisée avec une turbine Turboméca Astazou IIA de 530 cv.

Production

L’Alouette II, SE.3130 et SA.318 confondus, est livrée par Sud-Aviation/Aérospatiale à 1 305 exemplaires répartis comme suit :
• SE.3130 : 134 civils et 789 militaires.
• SA.318C : 208 civils et 174 militaires.

Elle est également produite sous licence par Saab, en Suède, avec 2 exemplaires et par Republic Aviation aux États-Unis, avec 20 appareils construits.

La production prend fin au printemps 1975 avec les derniers SA.318C.

Export

L’Alouette II est acquise au total par 126 clients civils et militaires dans 46 pays, notamment en Afrique et Amérique du Sud. Elle participe naturellement à des conflits locaux, comme en Namibie et Angola.

Carrière

En France, l’armée de l’Air utilise l’Alouette II jusqu’en 1996 ; la Marine de 1955 à 1997 ; la Gendarmerie de 1955 à 1989. L’armée de Terre et la Sécurité civile l’emploient également.

Elle est en particulier très largement utilisée pendant la Guerre d’Algérie (1956-62).

Quelques privés font encore voler des Alouette II.